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c etait hier

16 novembre 2006

La guerre

Les allemands, le sifflement des bombes, les avions qui portaient la mort dans leur ventre rasaient les prés, les maisons ; ils volaient très bas et on ne les voyait même pas arriver.

Je me souviens m’être cachée dans la cave qui se trouvait en bas côté de la maison (ré de chaussée) avec maman derrière les busses (fûts) de cidre.

Dès que l’alerte sonnait, nous nous précipitions, nous avions peur de ces bombes

bombardier400

Qui portaient la mort dans leur ventre et   tombaient tout autour de nous.

L e petit bois porte encore aujourd’hui en porte encore les traces.

Dans la cuisine, sur une étagère trônait le poste de radio, il ne servait que pour les nouvelles: " Ici Londres. les français parlent aux français ". Tout ceci était était un mystère pour moi auquel je ne comprenais rien.

Tous ces événements me dépassaient... les discutions entre grandes personnes  empreintes d'inquiétude!

.

Ils avaient envahit la ferme, ils étaient partout.

Je me souviens d’un petit matin, sortant de la chambre à coucher, d’avoir marché entre les jambes des Allemands couchés sur le sol en travers de la porte.

Ils dénichaient les poules et faisaient cuire les œufs sales dans notre soupe qui était entrain de cuire.

Je me souviens d’un soldat Allemand à la porte de notre maison, menaçant, tirant des coups de fusil parce que papa lui refusait de la goutte. (couper cabèche) criait-il furieusement.

Je me rappelle : une bombe soufflante tombée dans le chemin d’en face, le souffle avait ouvert la fenêtre, gonflé les chemises et déstabilisé  deux jeunes hommes, réfugiés qui se trouvaient là à nos côtés.

Les allemands avaient installé leur char à cannons dans le chemin derrière la maison et tout autour.

Un jour ma grand- mère affolée arrive en courrant chez nous , se réfugie dans les toilettes. Quelle frayeur ! un  boche avait forcé sa porte ,  la menaçant avec son fusil  pour prendre sa place dans son lit ; aussitôt la nouvelle sue, un voisin est arrivé et a tiré en direction du lit.

Heureusement la balle a ricoché dans la laine, ce soldat n’a pas été tué. N’ayant pas retrouvé sa moto. Nous pensions qu’il a dû être jugé par ses supérieurs pour abandon de matériel.

Un malchanceux, misérable car il n’avait probablement pas choisi de nous faire la guerre, ils étaient tous conditionnés  pour ça et n’avaient pas le choix.

Un soldat Allemand fut tué et enterré dans la haie des Mégretières. C’est mon frère Eugène qui a récupéré ses bottes…

Le jour de la levée du corps,  un voisin peu respectueux a récupéré le dentier… il a gratté avec la lame de  son couteau et il a dit : mais c’est de l’or ça ! Et il l’a mis dans sa poche

C’était à vous donner le frisson, ces soldats impressionnants, casqués, vêtus d'un uniforme vert de gris faisant claquer les talons de leurs sinistres bottes faisaient craindre le pire.

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J’ai beaucoup entendu parler de l’usine Jenkers (le Mans) qui produisait des moteurs d’avions Allemands, elle se trouvait à côté du circuit ; 60 avions Anglais et Américains ont attaqué par formations successives de 5 à 6 appareils à basse altitude, ils ont lancé 450 à 500 bombes de 250 kg et quelques unes de 500kg. Dieu merci, les usines Junkers avait évacué le domicile depuis le bombardement du 14 mars 44.

Deux cent immeubles détruits, l’usine est détruite en totalité.

14- 15 juin 1944, attaque de la gare de triage , de la gare des voyageurs,

19 avions à chaque attaque à la bombe, en piqué par mitraillage et à très basse altitude.

17 Juillet 44 -16h05 l’attaque a duré 5 minutes, 10 avions en piqué 12 bombes de 250kg.

24 Juillet durée 5 minutes, huit avions en piqué… la gare de triage  c’était là que les munitions étaient entreposées, elle a été complètement détruite.

Je vous en parle parce que je me souviens très bien d’avoir vu passé ces avions groupés effrayants, et lors d’une attaque à la gare de triage, nous entendions les explosions lointaines de munitions, toute la nuit le ciel a été rose.

Monsieur et Madame Maurice, réfugiés par crainte des bombardements (ligne de chemins de fer) ils habitaient  rue de la briqueterie et préféraient coucher dans la soue à cochon. Le cochon dans un clos ben entendu.

Il y a quelques années seulement, j’ai visité le mémorial de Caen et vu un film .J’ai reconnu le bruit de ces moteurs d’avions, puis toutes ces personnes à pied, à vélo qui fuyaient… un instant, je m’y suis  retrouvée et j’en ai été très émue.

Voici un texte qui mérite d’être lu ; mentionné sur la tombe d’un soldat.

Ne venez pas sangloter sur ma tombe

Je ne suis pas là. Je ne dors pas.

Je suis les mille vents qui soufflent ;

Je suis les diamants qui scintillent sur la neige.

Je suis le rayon de soleil sur l’épi mûr ;

Je suis une aimable pluie d’automne.

Quand vous vous éveillez dans le silence du matin,

Je suis l’envol vif-argent

D’oiseaux parfaits qui tourbillonnent.

Je suis  l’étoile tendre qui scintille dans la nuit.

Ne venez pas pleurer sur ma tombe.

Je ne suis pas là ; je ne suis pas mort.


Les américains 

Ils avaient installé leur campement dans le pré derrière l’étable et moi, j’allais les

voir, je faisais le tour du champ et ramenais des bonbons et chewing-gum plein mon giron. Je me souviens avoir été photographiée dans les bras d’un de ces braves soldats sous un pommier. Les cochons n’ont jamais mangé autant de pain blanc (le reste de leurs rations)

L’infirmerie était installée dans la grange. Du matériel  d’infirmerie de première urgence, des tas de masques à gaz, vêtements et couvertures étaient laissés sur place au départ des Américains... Maman avait fait faire des chemises et chemisiers avec la toile de parachutes .

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16 novembre 2006

Mon jeune âge

Je sais que mes parents étaient d’honorables et courageuses personnes très occupées aux lourdes tâches que nécessitait une ferme.

Ils avaient fait l’acquisition  en 1932 d’une voiture Citroën C4, je n’ai aujourd’hui que quelques flashs de cette auto.c4

Mes trois frères : Eugène, Jean, Pierre qui étaient mes aînés, s'ils n'étaient pas à l'école, étaient responsables de mes bêtises. Ils devaient faire attention  à moi qui était comme tous les

enfants de cet âge curieuse et inconsciente : un jour, j’ai voulu rejoindre mon frère Jean sur le tas de paille,  en montant par l’échelle. J’ai fais une malheureuse chute et me suis démis le bras gauche.

C’est papa qui m’as conduite chez le rebouteux sur le porte- bagage de son vélo et maman disait : ça va la faire travailler de sa main droite !…

J’étais gauchère, ce qui était considéré comme un défaut et ce qui n’as rien changé… je suis restée gauchère.

Monsieur Crochard était peintre, il a fait de magnifiques portraits de mes cousines, il venait en  vélo avec son chevalet et ses peintures dans le champ attenant à mon petit bois. Maman  m’interdisait d’aller le voir travailler… il est  en effet possible que ça aurait pu changer tout le sens de ma vie.

Nous n'avions donc pas la fée électricité ! pas de lumière, c'était la lampe à pétrole dans la cuisine, la lampe Pigeon dans la chambre ,la lampe à carbure, la lampe tempête à pétrole aussi pour se déplacer à l'extérieur "  Eulâ ! Vous en avez une belle chandelle.  C’était le  falot.

C’est vers 1945 que nous avons eu pour la pièce principale l’éclairage au gaz, je me souviens du manchon très fragile qui tombait en cendre dès qu’on le touchait ; nous devions le changer très souvent.

Donc peu de souvenirs, mais je me souviens de la guerre qui m’a marquée malgré mon jeune âge.

16 novembre 2006

c était hier

retour_de_march_

Retour de marché en 1961

photo Charles Mayer

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