La guerre
Les allemands, le sifflement des bombes, les avions qui portaient la mort dans leur ventre rasaient les prés, les maisons ; ils volaient très bas et on ne les voyait même pas arriver.
Je me souviens m’être cachée dans la cave qui se trouvait en bas côté de la maison (ré de chaussée) avec maman derrière les busses (fûts) de cidre.
Dès que l’alerte sonnait, nous nous précipitions, nous avions peur de ces bombes
Qui portaient la mort dans leur ventre et tombaient tout autour de nous.
L e petit bois porte encore aujourd’hui en porte encore les traces.
Dans la cuisine, sur une étagère trônait le poste de radio, il ne servait que pour les nouvelles: " Ici Londres. les français parlent aux français ". Tout ceci était était un mystère pour moi auquel je ne comprenais rien.
Tous ces événements me dépassaient... les discutions entre grandes personnes empreintes d'inquiétude!
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Ils avaient envahit la ferme, ils étaient partout.
Je me souviens d’un petit matin, sortant de la chambre à coucher, d’avoir marché entre les jambes des Allemands couchés sur le sol en travers de la porte.
Ils dénichaient les poules et faisaient cuire les œufs sales dans notre soupe qui était entrain de cuire.
Je me souviens d’un soldat Allemand à la porte de notre maison, menaçant, tirant des coups de fusil parce que papa lui refusait de la goutte. (couper cabèche) criait-il furieusement.
Je me rappelle : une bombe soufflante tombée dans le chemin d’en face, le souffle avait ouvert la fenêtre, gonflé les chemises et déstabilisé deux jeunes hommes, réfugiés qui se trouvaient là à nos côtés.
Les allemands avaient installé leur char à cannons dans le chemin derrière la maison et tout autour.
Un jour ma grand- mère affolée arrive en courrant chez nous , se réfugie dans les toilettes. Quelle frayeur ! un boche avait forcé sa porte , la menaçant avec son fusil pour prendre sa place dans son lit ; aussitôt la nouvelle sue, un voisin est arrivé et a tiré en direction du lit.
Heureusement la balle a ricoché dans la laine, ce soldat n’a pas été tué. N’ayant pas retrouvé sa moto. Nous pensions qu’il a dû être jugé par ses supérieurs pour abandon de matériel.
Un malchanceux, misérable car il n’avait probablement pas choisi de nous faire la guerre, ils étaient tous conditionnés pour ça et n’avaient pas le choix.
Un soldat Allemand fut tué et enterré dans la haie des Mégretières. C’est mon frère Eugène qui a récupéré ses bottes…
Le jour de la levée du corps, un voisin peu respectueux a récupéré le dentier… il a gratté avec la lame de son couteau et il a dit : mais c’est de l’or ça ! Et il l’a mis dans sa poche
C’était à vous donner le frisson, ces soldats impressionnants, casqués, vêtus d'un uniforme vert de gris faisant claquer les talons de leurs sinistres bottes faisaient craindre le pire.
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J’ai beaucoup entendu parler de l’usine Jenkers (le Mans) qui produisait des moteurs d’avions Allemands, elle se trouvait à côté du circuit ; 60 avions Anglais et Américains ont attaqué par formations successives de 5 à 6 appareils à basse altitude, ils ont lancé 450 à 500 bombes de 250 kg et quelques unes de 500kg. Dieu merci, les usines Junkers avait évacué le domicile depuis le bombardement du 14 mars 44.
Deux cent immeubles détruits, l’usine est détruite en totalité.
14- 15 juin 1944, attaque de la gare de triage , de la gare des voyageurs,
19 avions à chaque attaque à la bombe, en piqué par mitraillage et à très basse altitude.
17 Juillet 44 -16h05 l’attaque a duré 5 minutes, 10 avions en piqué 12 bombes de 250kg.
24 Juillet durée 5 minutes, huit avions en piqué… la gare de triage c’était là que les munitions étaient entreposées, elle a été complètement détruite.
Je vous en parle parce que je me souviens très bien d’avoir vu passé ces avions groupés effrayants, et lors d’une attaque à la gare de triage, nous entendions les explosions lointaines de munitions, toute la nuit le ciel a été rose.
Monsieur et Madame Maurice, réfugiés par crainte des bombardements (ligne de chemins de fer) ils habitaient rue de la briqueterie et préféraient coucher dans la soue à cochon. Le cochon dans un clos ben entendu.
Il y a quelques années seulement, j’ai visité le mémorial de Caen et vu un film .J’ai reconnu le bruit de ces moteurs d’avions, puis toutes ces personnes à pied, à vélo qui fuyaient… un instant, je m’y suis retrouvée et j’en ai été très émue.
Voici un texte qui mérite d’être lu ; mentionné sur la tombe d’un soldat.
Ne venez pas sangloter sur ma tombe
Je ne suis pas là. Je ne dors pas.
Je suis les mille vents qui soufflent ;
Je suis les diamants qui scintillent sur la neige.
Je suis le rayon de soleil sur l’épi mûr ;
Je suis une aimable pluie d’automne.
Quand vous vous éveillez dans le silence du matin,
Je suis l’envol vif-argent
D’oiseaux parfaits qui tourbillonnent.
Je suis l’étoile tendre qui scintille dans la nuit.
Ne venez pas pleurer sur ma tombe.
Je ne suis pas là ; je ne suis pas mort.
Les américains
Ils avaient installé leur campement dans le pré derrière l’étable et moi, j’allais les
voir, je faisais le tour du champ et ramenais des bonbons et chewing-gum plein mon giron. Je me souviens avoir été photographiée dans les bras d’un de ces braves soldats sous un pommier. Les cochons n’ont jamais mangé autant de pain blanc (le reste de leurs rations)
L’infirmerie était installée dans la grange. Du matériel d’infirmerie de première urgence, des tas de masques à gaz, vêtements et couvertures étaient laissés sur place au départ des Américains... Maman avait fait faire des chemises et chemisiers avec la toile de parachutes .